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radeaux, nous arrivâmes le soir à Kousnetzk, où nous employâmes notre séjour à satisfaire notre curiosité sur les Tartares du pays.

» Le 16, nous allâmes à trois verstes de la ville, dans un village habité par des Éleuths. Leur religion n’a point de forme certaine, et il paraît qu’ils ne savent guère eux-mêmes ce qu’ils croient : ils rendent pourtant un culte à Dieu, mais bien simple ; ils se tournent tous les matins vers le soleil levant, et prononcent cette courte prière « Ne me tue pas. »

» Nous avions appris que plusieurs Tartares, établis sur les rivières de Kondoma et de Mrasa, savaient extraire le fer du minerai par la fonte, et que même on n’avait dans ce lieu d’autre fer que celui qui venait des Tartares. Cela nous donna l’envie de voir leurs fonderies, qui n’étaient pas fort éloignées. Nous choisîmes la plus prochaine qu’on nous avait indiquée dans le village de Gadœva, et nous envoyâmes quelqu’un les avertir de notre arrivée, afin qu’ils tinssent tout prêt.

» Nous partîmes dès le matin, et, après avoir traversé plusieurs villages russes et tartares, et passé deux fois la Kondoma, nous trouvâmes sur le bord de cette rivière le village de Gadœva. Notre premier soin fut de chercher une fonderie de fer ; mais nous ne remarquions aucun bâtiment d’une apparence différente des autres. On nous conduisit enfin dans une yourte ou maison, et dès l’entrée nous vîmes le fourneau de fonte ; nous conçûmes même à sa