que, qui avait la forme d’un tamis, ou plutôt d’un tambour de basque ; il battait dessus avec une seule baguette. Le khan, tantôt marmottait quelques mots tartares, et tantôt grognait comme un ours ; il courait de côté et d’autre, puis s’asseyait, faisait d’épouvantables grimaces et d’horribles contorsions de corps, tournant les yeux, les fermant, et gesticulant comme un insensé. Ce jeu ayant duré un quart d’heure, un homme lui ôta le tambour, et le sortilége finit. Nous demandâmes ce que tout cela signifiait ; il répondit que, pour consulter le diable, il fallait s’y prendre de cette manière : que ce pendant tout ce qu’il avait fait n’était que pour satisfaire notre curiosité, et qu’il n’avait pas encore parlé au diable. Par d’autres questions nous apprîmes que les Tartares ont recours au khan lorsqu’ils ont perdu quelque chose, ou lorsqu’ils veulent avoir des nouvelles de leurs amis absens. Alors le khan se sert d’un paquet de quarante-neuf morceaux de bois gros comme des allumettes ; il en met cinq à part et joue avec les autres, les jetant à droite et à gauche avec beaucoup de grimaces et de contorsions, puis il donne la réponse comme il peut. Le khan fait accroire à ces bonnes gens que par ces conjurations il évoque le diable qui vient toujours du côté de l’occident et en forme d’ours, et il lui révèle ce qu’il doit répondre. Il leur fait entendre qu’il est quelquefois maltraité cruellement par le diable, et tourmenté jusque dans le sommeil. Pour mieux
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