les convaincre de son intelligence avec le diable, il fait semblant de s’éveiller en sursaut, en criant comme un possédé. Nous lui demandâmes pourquoi il ne s’adressait pas plutôt à Dieu, qui est la source de tout bien. Il répondit que ni lui ni les autres Tartares ne savaient rien de Dieu, sinon qu’il faisait du bien à ceux mêmes qui ne l’en priaient pas ; que par conséquent ils n’avaient pas besoin de l’adorer : qu’au contraire ils étaient obligés de rendre un culte au diable, afin qu’il ne leur fît point de mal, parce qu’il ne songeait continuellement qu’à en faire. Ces Tartares, sur ces beaux principes, font des offrandes au diable, et brassent souvent de gros tonneaux de bière qu’ils jettent en l’air, ou contre les murs, pour que le diable s’en accommode. Quand ils sont près de mourir, toute leur inquiétude et leur frayeur, c’est que leur âme ne soit la proie du diable. Le khan est alors appelé pour battre le tambour, et pour faire leurs conventions avec le diable, en le flattant beaucoup ; ils ne savent pas ce que c’est que leur âme, ni où elle va ; ils s’en embarrassent même fort peu, pourvu qu’elle ne tombe point entre les mains du diable. Ils enterrent leurs morts, ou les brûlent, ou les attachent à un arbre pour servir de proie aux oiseaux.
» Ils fabriquent eux-mêmes avec le fer dont on vient de parler les instrument de labour dont ils se servent. Ces instrumens consistent en un seul outil qui a la forme d’un demi-cercle