Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/105

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fort tranchant, et dont le manche fait avec le fer un angle droit. Ils travaillent avec cet outil dans les champs comme on travaille dans nos jardins avec la houe, et n’entament, en labourant, la terre qu’à la profondeur de quelques pouces. Pour faire leur farine, ils broient le grain entre deux pierres.

» M. Muller fit tout ce qu’il put pour obtenir d’eux le tambour magique. Le khan en marqua beaucoup de tristesse ; et comme on répondait à toutes les défaites qu’il cherchait pour ne s’en pas dessaisir, tout le village nous pria de ne pas insister davantage, parce qu’étant privés de ce tambour, ils seraient tous perdus, ainsi que leur khan. Ces belles raisons ne servirent qu’à nous faire insister encore davantage, et le tambour nous fut remis. Le khan, par une ruse tartare, pour fasciner les yeux de ses gens, et leur diminuer le regret de cette perte, avait ôté quelques ferremens de l’intérieur du tambour.

» Kousnetzk est dans un pays autrefois habité par les Tartares, qui, se trouvant trop resserrés du côté de la Russie, se sont retirés peu à peu vers la frontière des Kalmouks. Cette ville est située sur la rive orientale du Tom : elle se divise en trois parties, qui sont la haute, la moyenne et la basse ville. Les deux premières sont situées sur la partie la plus haute de la rive ; la ville basse est dans une plaine qui s’étend de l’autre côté : c’est la plus peuplée des trois. Dans la ville haute, il y a une