Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/112

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à la religion chrétienne. Ils sont assez riches en bestiaux.

» Krasnoyarsk est plus moderne qu’Yéniséik ; c’est de Moscou qu’on est venu la bâtir. Elle est sur la rive gauche de l’Yeniséi ; à son extrémité coule le Kastcha, dont une embouchure est au-dessous de la ville.

» Les habitans sont, pour la plus grande partie, des Slouschivies, qu’on y avait établis par la nécessité de garantir ces cantons des incursions des Kirghis, qui venaient ravager les environs ; mais depuis quelques années ils se sont retirés vers le pays des Kalmouks. Depuis ce temps, les Slouschivies ont fait des courses sans aucun risque dans les environs du pays. Ils ont trouvé à travers les steppes un chemin assez droit depuis Krasnoyark jusqu’à Yakoutsk et Tomsk, qui est très-commode pour voyager, surtout en été, puisque les eaux et les fourrages s’y trouvent en abondance.

» Les Slouschivies mènent ici une vie fort agréable ; ils sont riches en chevaux et en bestiaux, qui ne leur coûtent pas beaucoup à nourrir. Ils les laissent paître sur les steppes ; car en hiver même on voit peu de neige ; et quand il y en a, les bestiaux fouillent dans la terre, et en tirent toujours assez de racines et de plantes flétries pour ne pas mourir de faim. Il est vrai qu’en Russie un cheval tire plus que trois des leurs, et qu’une vache y donne vingt fois plus de lait que celles de ces cantons. On cultive ici du blé, et la terre est si fertile, qu’il