Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/113

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suffit de la remuer légèrement pour y semer pendant cinq ou six années consécutives sans le moindre engrais. Quand elle est épuisée, on en choisit une autre, qui n’exige pas plus de soins, ce qui convient fort à la paresse des habitans.

» Les antiquités qu’on trouve ici ont été tirées dès anciens tombeaux, qui sont en grand nombre près d’Abakansk et de Sayansk. On y a autrefois déterré beaucoup d’or, preuve de l’ancienne richesse des Tartares dans le temps de leur puissance. J’ai vu chez le vayvode d’aujourd’hui une grande soucoupe et un petit pot, l’un et l’autre d’argent doré. Il y avait sur la soucoupe des figures ciselées qui ressemblaient à des griffons. On trouve encore assez souvent des couteaux en cuivre, de petits marteaux de différentes formes, des garnitures d’harnois de chevaux, du bronze ou du métal de cloches, et de l’argent faux de la Chine.

» À Kanskoï-ostrog, nous fîmes chercher quelques Tartares du Canton. Il sont en général assez pauvres : les hommes, aussi-bien que les femmes, sont tout nus sous leurs robes, et n’ont jamais porté de chemise. Ceux d’entre eux qui sont baptisés se distinguent des autres à cet égard ; mais ils sont en très-petit nombre ; ils ont tous l’air fort malpropre, parce qu’ils ne se lavent jamais ; et quand on leur demande la raison de cette négligence, ils répondent que leurs pères ne se sont jamais lavés non plus qu’eux, et qu’ils n’ont pas laissé