ment de toute ancienneté Sviatoye-more, c’est-à-dire mer sacrée.
» Le lac Baïkal s’étend fort loin en longueur de l’ouest à l’est. Sur toutes les cartes que nous avions vues jusqu’alors, ses limites à l’orient n’étaient pas marquées, parce que vraisemblablement personne n’avait encore été jusque-là. On estime communément que sa longueur est de cinq cents verstes. Sa largeur du nord au sud en ligne droite n’est guère que de vingt-cinq à trente verstes, et dans quelques endroits, elle n’en excède pas quinze. Il est environné de hautes montagnes, sur lesquelles cependant, lorsque nous passâmes, il y avait très-peu de neige. Une autre particularité de ce lac, c’est qu’il ne se prend que vers Noël, et qu’il ne dégèle qu’au commencement de mai. De là nous marchâmes quelque temps sur un bras du Selinga, où nous avions pour perspective une chaîne de montagnes, et nous vînmes le même jour au soir à Kanskoï-ostrog, situé sur le ruisseau de Kabana.
» Ici nous commençâmes à nous apercevoir de la disette ou de la cherté des vivres, qu’on a plus de peine à se procurer que dans tout ce que nous avions déjà parcouru de la Sibérie. Quoiqu’il y ait des terres labourées et de bons pâturages, les gens du pays sont dans l’habitude de ne vouloir rien vendre qu’à un prix exorbitant. On nous demanda cinquante copeks pour un poulet. Nous voulions acheter un veau ; il n’y eut pas moyen d’en avoir : on nous