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se lève un droit de péage ; le bureau de ce lieu reçoit le péage de toutes les marchandises qui viennent de la frontière de la Chine, et qui ne peuvent guère prendre une autre route. Comme ces marchandises sont nombreuses, la place de receveur est très-lucrative, et il ne faut guère plus d’un an pour s’enrichir. C’est le gouverneur qui dispose de cet emploi, et ceux qui veulent l’obtenir l’achètent à force de présens. Le pot-de-vin ordinaire est de trois cents roubles. On nous raconta que cette place s’étant trouvée depuis peu vacante, il s’était présenté trois compétiteurs, dont chacun comptait emporter la place ; qu’elle avait été promise en effet à chacun d’eux séparément ; qu’enfin ayant obtenu tous trois l’agrément du gouverneur, ils avaient payé chacun les trois cents roubles, et s’en étaient fort bien trouvés.

» Arrivés à cette station, nous nous trouvâmes sur le lac Baïkal, dont les glaces étaient encore très-fortes, et pouvaient porter nos traîneaux sans danger. Nous le traversâmes obliquement jusqu’à son bord méridional.

» C’est comme un article de foi chez les peuples de cette contrée de donner le nom de mer au Baïkal, et de ne point l’appeler un lac. Cette mer est déshonorée, selon eux, lorsqu’on la rabaisse à la simple dénomination de lac, et c’est un outrage dont elle ne manque point de se venger. Ils croient que cette mer a quelque chose de divin, et par cette raison ils la nom-