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après, tout au plus, le thermomètre était engagé dans trois pouces dix lignes de glace, et si fortement pris, qu’avec toutes les précautions qu’il mit en usage pour le détacher de ce ciment glacial, il n’avait pu le retirer que par pièces ; que le froid alors était si vif, qu’il ne pouvait tenir sa main l’espace de dix minutes au grand air sans risquer de l’avoir gelée ; que pendant tout le temps qu’il avait séjourné dans ce canton-là, les vents avaient soufflé du nord-ouest et du nord-nord-est ; qu’on ne voyait ni ciel ni terre lorsque le vent venait tout à coup à changer de direction, et qu’il amenait souvent une si forte poussière de neige, qu’en la voyant, on aurait dit que tout l’air était converti en neige ; que le feu même, dont on pouvait espérer au moins plus de service, lui avait quelquefois refusé les secours qu’il en attendait, ayant eu souvent les doigts gelés près d’un grand feu ; qu’enfin l’air, dans ces climats glacés, avait été si mauvais pendant son séjour, qu’environ la moitié des habitans, quoique indigènes, avaient péri par des maladies épidémiques.

En 1722, Pierre-le-Grand ordonna à tous ceux qui pourraient trouver quelque part des dents de mammouth, de s’attacher à les ramasser, ainsi que tous les autres ossemens de cet animal, de les conserver le mieux qu’il serait possible, et de les envoyer à Pétersbourg. Ces ordres furent publiés dans toutes les villes de la Sibérie, et principalement à