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Eh ! qui n’en serait presque convaincu en lisant les seuls témoignages des médecins d’Augsbourg, qu’a ramassés Wormius dans son Traité de la Licorne ?

En 1741, on trouva près d’Anadirskoiostrog, dans une terre marécageuse, une de ces dents qui pesait onze livres, et qui fut envoyée à Irkoutsk. La question est de savoir si cette dent était venue là de la même façon que les os d’éléphans épars dans la Sibérie. Gmelin pense que l’Anadir, l’un des fleuves du pays qui se rendent dans la mer Glaciale, peut, avec le reflux, avoir apporté quelques-unes de ces dents, que l’animal, quoique étranger dans cette mer, y aura laissées. Ce qui favorise cette opinion, c’est qu’on trouve plusieurs vestiges qui font conjecturer que la mer Glaciale s’est étendue autrefois bien plus loin au sud qu’elle ne l’est à présent. Il n’est donc pas étonnant qu’on trouve des restes d’animaux marins loin de la mer, et fort avant dans les terres.

Les morses sont fort communs vers la pointe de Schalaghinskoi, chez les Tchouktchis, qui garnissent de leurs plus grosses dents le dessous des traîneaux, et qui des dents moyennes font des couteaux, des haches et d’autres ustensiles. Il faut bien qu’il s’en trouve une grande quantité depuis cet endroit jusqu’à l’Anadir, puisque toutes les dents de morses dont on fait commerce à Yakoutsk, viennent d’Anadirskoi. Il y a de ces mêmes animaux à la baie d’Hudson, dans l’île Phélipeaux, dont