Ils sont extrêmement vifs : qualité qui semble les exclure de la classe des moutons. L’argali, par sa forme extérieure, c’est-à-dire par la tête, le cou, les jambes, et la queue qu’il a très-courte, ressemble au cerf, si ce n’est qu’il est encore plus farouche. Les plus gros argalis sont à peu près de la taille d’un daim. Celui que vit Gmelin n’était guère âgé que de trois ans, suivant l’estime des chasseurs, et cependant dix hommes n’osèrent l’attaquer. Sa hauteur était d’une aune et demie de Russie, et sa longueur, depuis la naissance des cornes, était d’une aune trois quarts. Ses cornes sont placées au-dessus des yeux ; elles se courbent d’abord en arrière, reviennent ensuite en avant, et forment plusieurs circonvolutions comme celles de nos béliers. Si l’on peut s’en rapporter à la tradition du pays, toute sa force consiste dans ses cornes. Les béliers de cette espèce se battent souvent, et quelquefois avec tant d’acharnement, qu’ils se brisent ou s’abattent les cornes ; c’est ce qui fait qu’il n’est point rare d’en trouver dans la steppe, dont l’ouverture près de la tête est assez grande pour que les petits renards s’y nichent. On peut juger de la force qu’il faut pour abattre une corne qui, tant que l’animal est vivant, augmente continuellement d’épaisseur, de longueur et de dureté. Une de ces cornes bien venue, mesurée selon sa courbure, a jusqu’à deux aunes de longueur, pèse entre trente et quarante livres de Russie, et à sa naissance a deux pouces ou