Suivant une tradition des Tartares qui habitent les déserts, trois familles de castors étaient établies, il y a environ un siècle, sur les îles de Bobrovies, dans la rivière de Mana ; ce qui peut faire conjecturer qu’anciennement il y en a eu bien davantage. Il en est de même des autres contrées de la Sibérie. On dit presque partout qu’il y avait autrefois des castors. Comme il était fort aisé de découvrir leurs habitations, qui sont régulières et quelquefois considérables, on n’a pas eu de peine à les exterminer. Ainsi l’on a totalement détruit un animal innocent, qui n’est nullement nuisible à l’homme, et qui pouvait lui devenir très-utile. On en trouvait encore dans les cantons supérieurs de l’Yémséik et sur l’Obi, mais le nombre en diminuait tous les jours. On a donc presque éteint la race de l’animal le plus doux et le plus admirable, tandis que tout fourmille d’animaux cruels et voraces, d’oiseaux de proie, d’ours, de gloutons et de loups.
Le glouton ou goulu est un animal très-méchant, qui ne sort que pour piller, et qui ne vit que de proie. Cet animal se tient caché sur les branches, dans le feuillage des arbres, jusqu’à ce qu’il voie passer un cerf, un élan, un daim ou un lièvre ; il s’élance alors tout à coup comme un trait, fond sur sa proie, et la saisit avec ses dents au milieu du corps : il continue de le déchirer jusqu’à ce que l’animal ait cessé de vivre ; ensuite il le mange tout entier, avec la peau et le poil. Un vayvode, qui gardait