Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/171

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aurait pu faire la horde la plus nombreuse et la plus destructive. Un berceau suspendu dans une chambre, et dans lequel était un enfant, fut d’abord couvert de poussière, puis environné de toutes parts des poutres de la maison, qui s’était entièrement écroulée, sans que l’enfant eût le moindre mal. Une paysanne, qui se trouvait alors dans le bain avec ses enfans, fut blessée par la chute d’une planche ; mais, quoique le bain fût presque entièrement détruit, les enfans n’eurent pas une égratignure. Il périt dans ce furieux ouragan quantité de bestiaux et d’animaux domestiques. Un jeune paysan se trouvant en route, près de Tassévskoi-ostrog, fut enlevé de son cheval, et jeté à plus de vingt brasses ; heureusement pour lui qu’en voyageant ainsi dans l’air, il eut l’adrese de s’accrocher à un bouleau, sans quoi il eût été jeté bien plus loin. Le sang lui sortait par la bouche, les oreilles, le nez, les yeux, et il eut le front enfoncé ; son cheval fut jeté loin de lui presque en aussi mauvais état. Une jeune paysanne, qui pendant l’orage était sur l’escalier d’une maison, fut de même enlevée par le vent et jetée à la distance de cinq brasses, couverte de tous côtés des poutres que l’ouragan avait arrachées des maisons, et dangereusement blessée.

On dressa juridiquement un procès verbal du désastre causé par cette effroyable tempête, où l’on reçut les dépositions de tous ceux qui avaient souffert quelque dommage. C’est de là que Gmelin tira sa narration.