Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/197

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d’une tradition qu’ils ont reçue de leurs ancêtres, et l’on pourrait, avec fondement, regarder cette tradition comme une loi ; mais on ne trouve pas qu’elle leur défende d’assassiner, de voler, ou de se mettre par la force en possession des filles et femmes d’autrui. Cependant, s’il faut en croire ces bonnes gens, qui paraissent trop simples pour se déguiser, il est bien peu d’exemples que de pareils crimes aient été commis parmi eux. Quand on leur demande la raison d’une semblable retenue, puisqu’ils avouent eux-mêmes qu’ils ne connaissent aucun principe qui pût les détourner de ces actions, ils répondent tout simplement qu’il est très-aisé à chacun de pourvoir à ses besoins, et qu’il n’est pas bon de s’approprier ce qui appartient à un autre. Pour le meurtre, ils ne comprennent pas comment un homme peut s’aviser de tuer un de ses semblables. À l’égard des femmes, ils pensent que celle qu’ils ont la commodité d’acheter à fort peu de frais peut aussi bien contenter leurs désirs naturels qu’une autre qu’ils trouveraient peut-être plus à leur gré, mais qu’ils ne pourraient posséder que par la violence.

» On voit, par tout ce qui vient d’être dit, qu’ils ne connaissent d’autres besoins que ceux de la simple nature, c’est-à-dire la nourriture, l’usage des femmes, et le repos.

» Comme ils sont d’un goût grossier et très-facile à contenter, l’extrême indifférence