leur soit permis de prendre autant de femmes qu’ils en veulent, il est rare qu’ils aient plus de cinq femmes et la plupart se bornent à deux. Il y a des filles pour lesquelles on paie cent et jusqu’à cent cinquante rennes ; mais ils sont en droit de les renvoyer à leurs parens, et de reprendre ce qu’ils ont donné, lorsqu’ils ont sujet de n’en être pas contens. Comme leurs femmes sont accoutumées à enfanter presque sans douleur, ils les soupçonnent d’infidélité, et d’avoir eu commerce avec quelque étranger dès qu’ils voient arriver le contraire. C’est là principalement le cas où ils les battent et les maltraitent pour leur faire avouer leur faute : si la femme confesse le fait, ils la renvoient aussitôt à ses parens, et s’en font rendre le prix. Quoiqu’on trouve précisément le contraire dans des écrivains même récens, ces faits n’en sont pas moins certains. Buffon assure, comme une chose avérée, que non-seulement ils ne connaissent point la jalousie, mais qu’ils offrent même leurs filles et leurs femmes aux premiers venus. Cet habile naturaliste a eu de fort mauvais mémoires. Les femmes des Samoïedes ont tant de pudeur, qu’on est obligé d’user d’artifice pour les engager à découvrir quelque partie de leur corps, quoiqu’il soit assez difficile de comprendre pourquoi elles attachent une idée de honte à laisser voir quelque nudité. Les deux sexes ignorent l’usage des bains, et ne se lavent jamais le corps ; ce qui les rend très-sales et d’une très-mauvaise odeur.
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