Comme ils ne savent ni lire ni écrire, et que cependant ils désirent quelquefois se procurer des objets dont ils ont besoin, sans avoir à donner aucune sûreté aux marchands, ils se font des marques sur les mains en présence de leurs créanciers, afin que ceux-ci puissent les distinguer sûrement de leurs compatriotes, et promettent de livrer, dans le temps préfixe, ce qu’on leur a demandé en échange de ce qu’ils reçoivent. Jamais on ne voit un Ostiak manquer à ses engagemens. Aux termes convenus, ils apportent avec l’attention la plus scrupuleuse le poisson sec, les pelleteries, et ce qui a été stipulé dans le marché qu’ils ont conclu : ils font voir en même temps les marques qu’ils portent aux mains ; on les efface, et tout est terminé.
Si les Ostiaks sont paresseux, leur caractère excellent rachète bien ce défaut : c’est parmi eux qu’il faut chercher l’humanité la plus simple et la plus pure. Malgré l’ignorance profonde dans laquelle ils vivent, quoiqu’ils n’aient que des notions très-obscures et très-imparfaites de Dieu, ils sont naturellement bons, doux et pleins de charité.
On ne voit chez les Ostiaks ni libertinage, ni vol, ni parjure, ni ivrognerie, ni aucun de ces vices grossiers si communs même parmi les nations policées : on trouverait difficilement parmi eux un seul homme atteint de ces vices, à moins que ce ne soit quelqu’un de ces Ostiaks dégénérés qui vivent avec les Russes