pu faire parmi eux qu’un très-petit nombre de vrais chrétiens. La vie errante qu’ils mènent dans les forêts, et qui rend inutile l’établissement des prêtres et des églises, les anciennes habitudes de leurs pères, soit en matière de culte, soit par rapport aux mariages, sont autant d’obstacles aux progrès du christianisme chez des peuples qui se rappellent sans cesse que leurs ancêtres ont vécu heureusement dans leur religion, et que les Russes leur paraissent plus misérables qu’eux.
Le grand convertisseur Philotée, archevêque de Tobolsk, à qui la plus grande partie des idolâtres sibériens doivent le baptême (si c’est conférer ce sacrement que de faire jeter dans l’eau, par des dragons, des païens attachés à leur croyance), visita les Ostiaks dans les années 1712, 1713 et 1714, pour les convertir. Quelques-uns se plongèrent volontairement dans l’eau baptismale ; mais le plus grand nombre refusèrent de se soumettre à la cérémonie. Le ministère des soldats russes fut heureusement employé : moitié par force, moitié par crainte, on parvint à en baptiser quatre à cinq mille.
Tout le fruit que les Ostiaks ont donc retiré de la mission de l’archevêque de Tobolsk, c’est que, depuis ce temps, ils se disent chrétiens ; mais le sont-ils en effet ? On en peut juger par toutes leurs superstitions, par leurs cérémonies religieuses ; enfin, par l’idée qu’ils avaient des récompenses de la vie future, lorsque, huit à dix ans après leur conversion, ils firent