de Paris à la fin de novembre 1760, traverse l’Allemagne, arrive à Vienne, court en poste à Varsovie, où il remarque de belles femmes, des hommes d’une grande taille, des danses ennuyeuses, un souverain sans autorité, un état sans défense, une noblesse propriétaire des terres, des paysans qui travaillent pour elle sous la direction d’un sous-fermier, qui les conduit à la charrue un fouet à la main ; enfin cette anarchie qui, révoltant le peuple contre la tyrannie des grands, expose la Pologne à l’oppression continuelle de ses voisins, et ne lui permet de choisir qu’entre la domination de deux despotes qui se disputent le droit de l’asservir sous prétexte de la protéger : destinée inévitable d’une aristocratie aussi folle qu’injuste, et de tout gouvernement où le peuple est esclave.
De la capitale de la Pologne Chappe se rend à celle de Russie. Le voyageur trouve, depuis Varsovie jusqu’à huit lieues de Bialistok, une plaine couverte de cailloux de granits de toutes couleurs. À Bialistok est le château du grand maréchal de la couronne, palais superbe, où l’on a fait venir de loin des monumens de tous les beaux-arts, où l’architecture est allée à grands frais construire deux corps-de-logis à la romaine, où l’on voit au-dedans des appartemens et des bains décorés avec toute la somptuosité de la richesse et toute l’élégance du goût ; au dehors un parc, des jardins, des bosquets, une orangerie, enfin les délices de