qui s’arrêtaient à tous les poêles de chaque poste, qu’il les laisserait en chemin, s’ils continuaient. Cette menace et l’eau-de-vie donnée aux postillons firent cesser tous les retards. Les traîneaux volaient sur la neige, et plus vite encore sur la glace des rivières. Celles-ci gèlent promptement dans le Nord, et leur surface en est plus unie ; mais on y trouve des trous où l’eau ne gèle jamais, même quand la glace est à trois pieds d’épaisseur. L’auteur, cherchant la cause de ce phénomène, dit qu’il ne vient point vraisemblablement des sources d’eau chaude qui peuvent se trouver au fond des rivières. Une de ces ouvertures, qu’il observa sur la rivière d’Ocka, avait, dit-il, plus de cent toises. « Cette rivière étant d’une très-grande profondeur, quelque légèreté spécifique qu’on suppose à ces eaux de source, elles auraient le temps de contracter un degré de froid dans la diagonale qu’elles parcourent pour parvenir à la surface. » L’auteur donne une explication plus favorable de cette singularité. Les grandes rivières ne gèleraient jamais, à cause de la rapidité de leur courant, si les glaçons ne commençaient à se former par leurs bords, où les eaux sont plus tranquilles. Cependant ils s’accroissent bientôt au point que la rigueur des froids du Nord les fixe presque tous à la fois. Cet effet doit rendre la surface des rivières glacées parfaitement unie ; mais la différence de la figure des glaçons laisse nécessairement entre eux quelques espaces vides. On
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