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objectera que les nouveaux glaçons que la rivière charrie sous sa surface gelée devraient remplir ces intervalles. Aussi ces trous ne sont-ils pas fort grands pour l’ordinaire. Mais dans le Nord, où le froid est tout à coup excessif et durable, les rivières charrient peu de glaçons. La preuve en est que, sur la rivière d’Ocka et sur le Volga, Chappe a remarqué beaucoup d’ouvertures de dix-huit pouces de diamètre, faites exprès par les paysans, pour y placer des filets, qui se rompraient bientôt, s’il y avait des glaçons sous la surface des rivières gelées. Cette observation vient à l’appui du système des physiciens, qui veulent que la mer ne soit pas glacée autour des pôles, parce que les montagnes de glaces flottantes ne viennent que du débouchement des rivières, et des rivages mêmes de la mer.

L’académicien, observant et voyageant toujours en poste, arrive le 20 mars à Nijnovogorod, où l’Ocka, se jetant dans le Volga, forme une nappe d’eau très-belle à voir en été. Cette ville, au second rang par son étendue, au premier rang par son commerce, est l’entrepôt de tous les grains du pays. Là, le voyageur s’embarque sur le Volga, mais dans un traîneau qui va plus vite qu’un bateau à la voile. Ce fut un plaisir pour lui de voir la multitude de traîneaux qui se croisaient, se heurtaient et se renversaient souvent. Les chevaux qui tirent ces sortes de voitures sont petits, maigres et faibles au coup d’œil, mais durs à la fa-