Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/234

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fréquens incendies ; et la dévotion pour le saint qu’on invoque amène les malheurs qu’on le prie d’éloigner. Le culte des schismatiques sibériens pour les images est aveugle et insensé. « J’ai su, dit Chappe, par un Russe épris des charmes d’une jeune femme sa voisine, dont il était aimé, qu’après avoir éprouvé toutes les difficultés qu’occasione un mari jaloux et incommode, il était enfin parvenu à pénétrer dans l’appartement de la jeune femme. Elle se rappelle le saint de la chapelle dans les momens qu’on regarde en amour comme les plus précieux ; elle court aussitôt faire la prière au saint, et revient entre les bras de son amant. » Qu’on se rappelle les courtisanes d’Italie qui retournent l’image de la Vierge pendant qu’elles exercent leur métier, et l’on verra que les mêmes superstitions se représentent dans les climats les plus différens.

Solikamskaia n’est remarquable dans le voyage de Chappe que par la description des bains qu’on y prend pour suer. « Je me levai, dit-il, le 31, de très-grand matin, pour prendre les bains avant de sortir ; on me les avait offerts la veille…. Ils étaient sur le bord de la rivière. » On l’y conduisit en traîneau : il arrive, il ouvre une porte ; aussitôt il en sort une bouffée de fumée qui le fait reculer…. « Cette fumée n’était que la vapeur des bains, qui formait un brouillard des plus épais, et bientôt de la neige, à cause de la rigueur du froid. » Il voulait se retirer ; on lui dit que ce serait désobliger ses