Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/244

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la fit creuser aux environs de Tobolsk jusqu’à dix pieds. Faute de trouver des manœuvres dans un empire ou le paysan, né esclave, ne peut pas même vendre ni louer le travail de ses mains, il prit des malfaiteurs enchaînés que lui prêta le gouverneur. Ces malheureux n’avaient pour vivre qu’un sou par jour. Le charitable abbé voulut augmenter leur paie de quelque argent ; ils en achetèrent de l’eau-de-vie, soûlèrent leur garde, et se sauvèrent pendant qu’il dormait. « Je trouvai quelques jours après, dit l’auteur, leurs fers dans les bois. Le gouverneur n’ayant pas jugé à propos de m’en envoyer de nouveaux, je fus obligé d’abandonner cet ouvrage. » Mais ils avaient creusé la terre jusqu’à quatorze pieds, et Chappe, qui voyageait en laïque, ayant enfoncé son épée jusqu’à la garde, trouva toujours la terre molle ; ce qui lui prouva que la glace ne s’y maintient pas en été, quoique des voyageurs, même physiciens, l’aient rapporté. C’est au lecteur à juger si l’observation de Chappe auprès de Tobolsk, dans un terrain qu’on avait fouillé, suffit pour contredire formellement les assertions de Gmelin et de plusieurs autres savans. Il semble qu’on en pourrait conclure simplement que la terre n’est pas également gelée partout.

À Solikamskaia, le froid de 1761 fit descendre le thermomètre de Delisle à 280 degrés, qui répondent à 70 environ de celui de Réaumur. Ceîui-ci descend jusqu’à 30 degrés sur les