Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/247

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miers, à cause de leur âge, et les derniers, parce que leurs femmes leur font aimer la sagesse de bonne heure. » Du reste, tout le clergé est ivrogne comme le peuple, qui n’en est pas moins fanatique. Ils ont vu s’élever au milieu d’eux une secte de frères réunis paisiblement dans des hameaux, mais sans prêtres, sans églises. Dès lors ils les ont traités en ennemis, et ces malheureux, pleins d’horreur pour les Russes, se donnent la mort pour l’amour de Jésus-Christ. Ils s’assemblent dans une maison quand on les persécute, y mettent le feu, et périssent dans les flammes. « Cette persécution a privé la Russie de plus de cent mille familles, qui se sont réfugiées chez les Tartares, plus sauvages et moins barbares que les Russes. » Ceux qui sont restés dans leur pays ont mieux aimé mourir que de recevoir la bénédiction du clergé russe. On n’a jamais converti un seul rasbonike ; c’est le nom de cette secte.

Pierre 1er, quoique dur lui-même, sévère, et quelquefois féroce, délivra ces infortunés de la persécution du clergé, et sévit contre l’intolérance qui produisait le fanatisme ; mais après sa mort les bûchers se rallumèrent, et les cachots se remplirent de ces innocens. « Pendant mon séjour à Tobolsk, dit Chappe, plusieurs de ces malheureux étaient dans les prisons. » Quelques années plus tard le voyageur philosophe aurait tenu un langage bien différent, s’il eût pu lire la loi de tolé-