Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/248

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rance portée par l’impératrice Catherine II dans tout l’empire de Russie, qui a remédié à tous les abus qu’il déplore ici avec trop de raison. Il blâme ailleurs l’usage de faire communier les enfans dès l’âge de cinq ou six mois, malgré leurs cris qu’il faut apaiser par le téton, en leur donnant l’eucharistie.

Chappe parle des femmes de Sibérie ; elles sont, dit-il, généralement belles : on dirait que la neige influe sur leur teint, tant elles sont blanches. Cet éclat est relevé par des yeux noirs, mais languissans et toujours baissés, comme les aura dans tous les temps un sexe timide chez un peuple esclave. Leur chevelure noire et leur teint blanc reçoivent un nouveau lustre du vermillon dont elles peignent leurs joues ; usage qu’elles semblent tenir plutôt de tous les peuples sauvages qui les environnent que des nations policées du midi, dont elles sont trop éloignées. Ces femmes sont bien faites jusqu’à vingt ans, mais elles ont les jambes grosses et les pieds grands, comme pour servir de base à l’embonpoint qu’elles prennent tôt ou tard. Chappe veut que les bains, dont elles usent deux fois la semaine, contribuent à leur déformer la taille par le relâchement qu’ils occasionent dans tout le corps. Mais ne serait-ce pas plutôt le nombre d’enfans qui est la cause qu’elles sont flétries à l’âge de trente ans ? Le froid excessif rétablit vraisemblablement le ressort des fibres que les bains chauds servent à relâcher.