Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

polonais ; c’est qu’il posséde quelquefois des terres en propre : c’en est un sans doute, mais non assez grand ni assez commun pour attacher vivement le paysan à son pays. Qu’est-ce qu’une propriété de biens lorsqu’on n’a pas celle de sa personne ?

L’esclavage semble avoir détruit dans le peuple russe tous les droits de la nature et tous les principes de l’humanité. « À mon retour de Tobolsk à Pétersbourg, dit Chappe, étant entré dans une maison pour m’y loger, j’y trouvai un père enchaîné à un poteau au milieu de sa famille : c’était une victime de l’inhumanité du gouvernement. Ceux qui recrutent ses troupes vont dans les villes choisir les hommes pour le service militaire. Le fils de ce malheureux avait été désigné pour servir, il s’était sauvé….. Le père était prisonnier chez lui ; ses enfans en étaient les geôliers, et on attendait chaque jour son jugement. J’éprouvai à ce récit un sentiment d’horreur qui m’obligea d’aller prendre un logement ailleurs. »

Parmi les animaux domestiques, les bœufs et les chevaux sont très-petits. En revanche, les animaux sauvages sont plus gros et plus communs que les espèces privées. En parlant des martres, l’auteur dit que leurs queues, qu’on estime si fort en France, sont la partie la moins recherchée en Sibérie, parce que le poil en est trop dur. Les belles martres ont même rarement de belles queues ; mais, du reste, elles sont noires, ce qui sans doute en fait le prix.