Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/263

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licées, renvoyez tous ces supplices aux peuples barbares ; faites de bonnes lois civiles, vous n’aurez pas besoin de tant de lois vraiment criminelles. Rappelez les mœurs par la raison et par l’équité ; rendez au pauvre sa subsistance, au travail son salaire, au talent sa place, à la vertu sa considération, au véritable honneur son influence, au mérite exemplaire sa dignité ; rétablissez l’ordre social, souvent interverti, corrompu, renversé par l’ordre politique ; et si l’homme est un être capable de raison, ne le gouvernez pas uniquement par la crainte !

L’impératrice Élisabeth a supprimé le supplice de la roue, l’usage d’empaler par les flancs, d’accrocher par les côtes, d’enterrer vives les femmes homicides, de couper la tête au peuple, ainsi qu’à la noblesse. Elle condamne, pour les grands crimes, l’une à l’exil, et l’autre aux travaux publics.

Mais l’exil est affreux en Russie. Chappe en cite pour exemple le traitement de deux illustres criminels, monsieur et madame de Lestoc. Le comte de Lestoc, après avoir placé la couronne sur la tête d’Élisabeth, fut enfermé et condamné pour avoir reçu d’une puissance étrangère, qui avait porté cette princesse au trône, une somme d’argent qu’il avait eu la permission d’accepter. Quand ses juges, à la tête desquels était Bestuchef, premier ministre et son ennemi personnel, lui demandèrent la valeur de cette somme : Je ne m’en souviens