pour elle la situation politique de l’Europe, qui est toujours en guerre avec elle-même ; divisée en autant d’ennemis que d’états ; peu propre à une confédération générale ; indifférente au sort d’une nation qu’opprimeraient les Russes ; prête à les faire entrer dans toutes ses querelles ; ennemie de la liberté de ses peuples, et jalouse de maintenir le pouvoir absolu de ses souverains.
Il est temps de revenir, avec Chappe, de Tobolsk en France. Ce jeune et courageux académicien se préparait à reprendre le chemin de Pétersbourg, lorsqu’il fut attaqué d’un vomissement de sang presque continuel. C’était sans doute le fruit d’un voyage de douze cents lieues, fait dans un temps où le froid redoublait chaque jour par la saison et le climat. L’auteur s’avançant vers la zone glaciale du nord à proportion que le soleil s’éloignait vers le tropique du midi, son incommodité lui fit hâter son départ. « J’avais une apothicairerie, dit-il ; mais ayant eu le malheur d’empoisonner un Russe que je voulais guérir d’une légère incommodité, j’avais renoncé à la médecine. » Cet aveu est assez singulier. L’auteur, résolu de revenir par Catherinembourg, pour en voir les mines et connaître le midi de la Sibérie, accepta une escorte composée d’un sergent et de trois grenadiers, pour rassurer ses gens sur le bruit qui courait que cette route était infestée de voleurs. Il partit avec cette escorte et quatre voitures dans un appareil militaire.