Les pluies, succédant à la fonte des neiges, avaient gâté une grande plaine de cent lieues qu’il eut à traverser. Une de ses voitures, chargée de tout son équipage, s’embourbait souvent, au point que douze chevaux ne pouvaient la tirer des boues. Il avait des poulets, des oies et des canards dans ses munitions de vivres. Importuné par l’embarras et les cris de cette volaille, il en fit tuer une partie, et lâcha l’autre dans les champs. Pour suppléer à cette provision, il tuait en chemin des canards sauvages, dont il régalait sa caravane. Le bruit des brigandages croissant à mesure qu’il s’éloignait de Tobolsk, il visita les armes, redoubla le courage de ses gens avec de l’eau-de-vie, fit allumer des flambeaux la nuit sur chaque voiture, et continua tranquillement sa marche avec une suite de huit hommes bien armés.
On avait fait cent vingt-cinq lieues dans une plaine qui n’est qu’un marais, formant un pâturage excellent sans culture. C’était au 56e degré de latitude, et dès le 3 septembre on y éprouva une nuit très-froide au milieu d’une esplanade qui fut couverte de givre. On rencontre enfin des pierres qui annoncent les montagnes ; on arrive à Catherinembourg.
L’auteur se loue avec complaisance des politesses qu’il reçut des principaux habitans. Les villes de la Sibérie se policent à mesure qu’elles sont voisines du midi. Partout la douceur du climat se répand dans les mœurs.
Aux environs de Cazan, l’auteur retrouve la