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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/277

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Suède et d’Espagne. Ce fer est tenace et flexible à froid et à chaud. Si on le frappe avec la partie aiguë d’un marteau, on y fait une coche comme dans du plomb. Le grain en est si fin, qu’on le distingue avec peine à la vue. « Je pris un jour, dit Chappe, une barre de quinze pieds de long sur trois pouces de large, et sept lignes d’épaisseur ; l’ayant placée entre deux branches d’un arbre, je tournai aisément cette barre autour de l’arbre ; je la retournai ensuite avec la même facilité, sans qu’il se fit dans les coudes aucune fente ni gerçure. J’en ai rapporté des échantillons ; la bonté de ce fer a étonné nos ouvriers. Il n’est pas assez connu en France. » On le vend aux Anglais, qui en font le principal commerce. Ils l’embarquent à Pétersbourg, où on le transporte en hiver sur des traîneaux, et dans l’été sur des rivières. Il coûte à l’entrepreneur douze sous le poude, de trente-trois livres, poids de France. On le vend cinquante sous sur les lieux, et il en vaut trente de plus à Pétersbourg. Pour avoir cent poudes de fer, on use une mesure de charbon de six pieds sept pouces de hauteur, sur autant de longueur, et quatre pieds cinq pouces de largeur.

Quelques-unes de ces forges coûtent 10,000 fr. de dépenses, et tout frais payés valent 20,000 fr. au propriétaire de la mine : ainsi la Russie produit du fer et des soldats. Il est aisé de voir ce qu’on en doit attendre avec le temps. Quand un peuple maritime de l’Europe lui aura ou-