connu dans sa religion, l’on n’avait pas coutume de l’invoquer, et que, par cette raison, il ne ferait pas ce qu’on exigeait de lui. L’assemblée prit parti pour lui, et chassa le fanatique hors de la maison. On dit que Goez fut souvent menacé de la mort, s’il n’invoquait Mahomet ; mais Dieu le garantit toujours de danger.
Un autre jour, il fut appelé au palais du roi, où ce prince lui demanda, devant ses mollahs, de quelle loi il faisait profession ; si c’était de celle de Moïse, de David ou de Mahomet, et de quel côté il se tournait pour faire sa prière. Goez répondit qu’il professait la foi de Jésus, et qu’il se tournait indifféremment de tous côtés en priant, parce que Dieu est présent partout. Cette dernière réponse émut entre les Mahométans une grande dispute ; car ils se tournent toujours du côté de la Mecque en priant. Cependant ils conclurent que la pratique de Goez pouvait aussi être bonne.
Le capitaine de la caravane, ayant été nommé, donna dans sa maison un banquet splendide, auquel il invita Goez, et à la fin de la fête il lui proposa de faire avec lui le voyage de Catay. C’était tout ce que le missionnaire désirait, parce que, d’après la connaissance qu’il avait des dispositions des Mahométans, il avait jugé qu’il lui serait plus avantageux d’attendre que l’invitation vînt de leur part. Il affecta donc de se faire presser. Le capitaine, instruit que Goez avait beaucoup de marchandises, supplia le roi de seconder ses instances auprès de ce mission-