tortueux qui serpentent au pied de ces hautes cimes. Les voyageurs qui traversent les grandes chaînes sont obligés de suivre partout le chemin des torrens. Tantôt il faut escalader jusqu’à leur source, et tantôt descendre au fond des abîmes, au travers desquels ils se fraient une route dans la plaine. Sans la coopération de la mer, il semble d’abord qu’il suffirait, pour la formation des montagnes, qu’un terrain eût été considérablement élevé dans l’origine, parce qu’avec le cours des siècles, les eaux de pluie et de neige ont pu sillonner, percer, creuser le terrain qu’elles imbibaient, et le tailler en pyramides, en aiguilles, en masses énormes, en mille formes irrégulières dont se compose l’aspect surprenant que présentent aujourd’hui les grandes montagnes. Mais les grandes plaines dont elles sont environnées, prouvent toujours une révolution prodigieuse, qui n’a pu se faire que par une pente considérable, que la mer a dû former et agrandir en se retirant des lieux où sont les montagnes, dans le lit qu’elle occupe. Le Kamtchatka est un nouveau monument de cette théorie. La côte orientale où l’action des eaux de la mer est plus sensible et plus directe présente un front plus escarpé, plus menaçant que la côte occidentale. Que si l’on pénètre dans l’intérieur du pays, on y ressent toujours le voisinage et les traces de l’Océan qui l’a sans doute englouti, revomi, formé, détruit ou défiguré, tel qu’il est aujourd’hui.
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