lant très-haut ; elle s’y couvre d’une vapeur si épaisse, qu’elle dérobe la vue d’un homme à la distance de sept sagènes. Cependant, pour entendre le bouillonnement de l’eau, il faut se coucher par terre : mais il reste à savoir si, lorsqu’on est dans cette attitude, avec une oreille appliquée contre terre, il est aisé d’entendre un autre bruit que celui dont cette oreille est frappée, ou si l’on peut entendre à la fois deux bruits très-différens.
L’eau de toutes ces sources est remarquable par une matière noire qui tache les doigts comme l’encre de la Chine, et qui surnage à sa surface. Un fait encore plus digne d’observation, c’est que ces sources d’eau bouillante sont comprises entre l’embouchure du Kamtchatka sur la côte orientale, et celle de l’Ozernaya sur la côte occidentale. Dans cet espace se trouvent les lacs et les volcans les plus considérables de toute la presqu’île ; les montagnes ont le plus subi d’altérations, dans leurs formes, par les eaux, les feux et les tremblemens de terre ; enfin la mer y exerce le plus de ravages. Tout le reste du pays est rempli de pyrites, de soufre, de pierres alumineuses et ferrugineuses. Cependant on n’y trouve point de fer ni d’eaux chaudes. Kracheninnikov pense que, dans les endroits où ces matières inflammables produisent des éruptions et des tremblemens de terre, ces accidens doivent provenir d’une fermentation causée par l’eau de la mer qui s’ouvre un passage dans les cavités dont tout le sol du