une certaine ardeur que les plus beaux renards, et comme ceux-ci acquièrent de la ruse à proportion des piéges qu’on leur tend, il était naturel qu’un animal, plus couru qu’un autre, en en devînt plus habile. C’est le fruit de l’expérience qui étend le progrès des connaissances chez tous les animaux.
Au Kamtchatka, dit-on, un renard qui est échappé d’un piége ne s’y prend plus. Au lieu d’y entrer, il tourne autour, creuse la neige qui l’environne, le fait détendre et mange l’amorce. Mais l’homme, toujours plus inventif, a plus d’un piége pour le prendre. Les Cosaques attachent un arc bandé à un pieu qu’ils enfoncent dans la terre. De cet endroit, ils conduisent une ficelle le long de la piste du renard, assez loin du piége. Dès que l’animal, en passant, touche la ficelle de ses pattes de devant, la flèche part, et lui perce le cœur.
Les Kamtchadales du midi ont l’art de prendre les renards au filet : voici comment. Ils passent au milieu de ce filet, qui est fait de barbes de baleines, un pieu où ils lient une hirondelle vivante. Le chasseur, avec une corde passée dans les anneaux du filet, va se cacher dans un fossé. Quand le renard se jette sur l’oiseau, l’homme tire la corde, et l’animal est pris. Sans doute que la faim le pousse dans ce piége, car de semblables lacets paraissent bien grossiers pour le plus fin des animaux. Au reste, les renards étaient jadis si communs ou si affamés au Kamtchatka, qu’ils en devenaient fa-