fort noire ; enfin il fut guidé par ses gémissemens, le releva à moitié mort, l’encouragea et le ramena à la caravane.
Les voyageurs trouvèrent en plusieurs endroits du désert les cadavres d’un grand nombre de Mahométans qui s’étaient hasardés à voyager seuls. Les Mongols errans ôtent rarement la vie aux habitans du pays, les regardant comme des serviteurs et des bergers qui soignent leurs troupeaux, dans lesquels ils viennent prendre les animaux qui leur conviennent. Les peuples mahométans qui habitent ces côtés ont l’humeur si peu guerrière, qu’il serait facile aux Chinois de les subjuguer, s’ils pensaient à s’étendre par des conquêtes.
En arrivant à So-tcheou, vers la fin de 1605, Goez se trouva riche des fruits de son commerce. Il avait treize chevaux, cinq domestiques, et deux petits esclaves qu’il avait achetés, sans compter son jaspe, qui valait plus de deux mille cinq cents écus d’or. Des Mahométans qu’il rencontra dans cette ville lui ayant confirmé ce qu’il avait appris à Cialis, il prit le parti d’écrire au P. Ricci, pour l’instruire de son arrivée. Mais l’adresse était mise en caractères européens, et les Chinois, qui se chargèrent de la lettre, ne purent la remettre, parce qu’ils ignoraient le nom chinois des jésuites et le quartier de la capitale dans lequel ils demeuraient. L’année suivante, vers Pâques, Goez écrivit une nouvelle lettre, dont il chargea un Mahométan qui avait quitté Pékin sans la permission des