Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/320

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ont de grands nids partagés en cellules, qui sont autant de greniers souterrains destinés à différentes provisions de bouche pour l’hiver. On y trouve de la sarane nettoyée, d’autre non préparée, que les rats font sécher au soleil dans les beaux jours ; des plantes de plusieurs sortes, des cônes de pin. L’histoire de ces rats est plus curieuse que celle des hommes qui nous la transmettent ; mais en est-elle plus vraie ?

Ce peuple souterrain a des temps d’émigration, si l’on en croit les Kamtchadales. Quelquefois les gros rats disparaissent de la presqu’île, et c’est alors le présage d’une mauvaise année. Mais quand ils reviennent, c’est l’augure d’une chasse et d’une année abondante. On annonce leur retour dans tout le pays par des exprès.

C’est au printemps qu’ils partent pour se rendre au couchant, sur la rivière de Pengina, traversant des lacs, des golfes et des rivières à la nage, souvent noyés en route, ou restant épuisés de fatigue sur le rivage, jusqu’à ce que le soleil et le repos leur aient rendu des forces ; souvent enlevés par des canards sauvages, ou dévorés par une espèce de saumon. Une armée de ces rats est quelquefois deux heures à passer un fleuve : c’est qu’ils n’ont point de ponts ni de bateaux, quoique les Kamtchadales s’imaginent qu’ils traversent les eaux sur une espèce de coquillages faits en forme d’oreille qu’on trouve sur les rivages, et que