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les habitans ont appelés les canots des rats.

Ce n’est pas la seule faible dont ils se disent les témoins oculaires. Rien de si merveilleux, à les entendre, que la prévoyance de ces rats, et l’ordre de leur marche. Avant de partir, ils couvrent leurs provisions de racines vénéneuses, pour empoisonner les rats frelons qui viendraient piller leurs cellules en leur absence. Quand ils reviennent, et c’est au mois d’octobre, s’ils trouvent leurs magasins d’hiver dévastés et vidés, ils se pendent de désespoir. Aussi les Kamtchadales charitables, mais sans doute par superstition, loin de leur enlever leurs provisions, remplissent leurs trous d’œufs de poisson, ou caviar ; et s’ils trouvent au bord des rivières quelques rats demi-morts d’épuisement, ils tâchent de les sauver. Ainsi l’histoire de la terre est partout, comme on voit, celle des folies ou des mensonges de l’homme : on est forcé de les écrire, ne fut-ce que pour l’en détromper.

Les loutres se prennent à la chasse, et lorsque les ouragans de neige les égarent dans les bois. Leurs peaux, assez chères, parce qu’elles sont rares, s’emploient à border les habits, mais surtout à conserver la couleur des zibelines, en leur servant d’enveloppe dans les endroits où l’on serre celles-ci.

Les phoques remontent des mers du Kamtchatka dans les rivières, en si grande quantité, que les petites îles voisines de la mer en sont couvertes.