nature arma ces animaux, on juge bientôt qu’ils sont faits pour combattre. Quand les petits jouent entre eux, si le jeu devient sérieux, le mâle accourt pour les séparer ; et quoiqu’il gronde, il lèche le vainqueur, et méprise les faibles ou les lâches : ceux-ci se tiennent avec leurs mères, tandis que les braves suivent le père. La femelle, quoique chérie et caressée du mâle, le redoute. S’il vient des hommes pour ravir des petits, le mâle s’avance pour défendre sa race ; et si la femelle, au lieu de prendre ses petits dans sa gueule, en laisse enlever quelqu’un, le mâle quitte le ravisseur pour courir après sa femelle : il la saisit entre les dents, la jette avec fureur contre la terre et les rochers, et la laisse pour morte ; ensuite il roule autour d’elle des yeux étincelans, grince des dents jusqu’à ce que la femelle revienne en rampant, les yeux baignés de larmes, lui lécher les pieds. Le mâle pleure lui-même en voyant enlever ses petits, et ce signe de tendresse est la dernière expression d’une rage impuissante.
Les vieux otaries, chats marins, sont les plus féroces. Quand l’âge de leurs amours est passé, ils se retirent dans une solitude, où ils sont des mois entiers sans boire ni manger ; dormant presque toujours, mais, prompts à s’éveiller, soit que l’ouïe ou l’odorat ne participe pas au sommeil de tous les autres sens. Si quelque homme passe à travers leurs retraites, les premiers de ces animaux qu’il rencontre s’élancent sur lui. Ils mordent les pierres qu’on leur jette ;