rans de l’Orient, comme les Lapons et les Samoïèdes ont été chassés au nord par Les Européens. Quoi qu’il en soit de ces conjectures, que les Kamtchadales soient venus des bords du Léna, d’où ils auront été chassés par les Tongouses, ou qu’ils soient issus de la Mongolie, au delà du fleuve Amour, l’incertitude même de leur origine en prouve l’ancienneté, et les révolutions éternelles des peuples qui les entourent sur le continent font présumer qu’ils sont arrivés au Kamtchatka par terre, et non par mer, car c’est le continent qui a peuplé les îles, et non les îles qui ont peuplé le continent.
Les Kamtchadales ressemblent, par bien des traits, à quelques nations de la Sibérie ; mais ils ont le visage moins long et moins creux, les joues plus saillantes, la bouche grande et les lèvres épaisses ; les épaules larges, surtout ceux qui vivent sur les bords de la mer. Il ne serait pas même surprenant que ces hommes sauvages eussent quelques rapports éloignés de figure avec les animaux dont ils font la chasse, la pêche et leur nourriture, si l’imagination, le climat, les habitudes, les sensations, et surtout les alimens de la mère influent dans la formation du fœtus. Mais si les Kamtchadales ne ressemblent en rien aux animaux dont ils se nourrissent, du moins ils sentent le poisson, et ils exhalent une odeur forte d’oiseaux de mer ; aussi musqués par excès de saleté qu’on peut l’être par un raffinement de propreté.