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Avant d’entrer dans le tableau de leurs mœurs, il faut connaître leurs occupations ; elles se rapportent toutes à leurs premiers besoins, la nourriture, les vêtemens et le logement.

Ce peuple vit de racines, de poissons et d’amphibies ; mais il fait plusieurs sortes de mélanges de ces trois substances. Leur principal aliment est l’ioukola ou le zaal : c’est là leur pain. Ils découpent toutes les espèces de saumons en six parties. On en fait pourir la tête dans des fosses ; le dos et le ventre sèchent à la fumée ; la queue et les côtes à l’air. On pile la chair pour les hommes, et les arêtes pour les chiens. On dessèche cette espèce de pâte, et l’on en mange tous les jours.

Le second mets est le caviar, qui se fait avec des œufs de poisson. Il y a trois façons de le préparer. On fait sécher les œufs à l’air, suspendus avec la membrane qui les enveloppe, ou dépouillés de ce sac, et étendus sur le gazon. D’autres fois on renferme ces œufs dans des tiges d’herbe ou des rouleaux de feuilles ; on les sèche au feu ; enfin on les met sur une couche de gazon, au fond d’une fosse, et on les couvre d’herbe et de terre pour les faire fermenter. C’est ce caviar dont les Kamtchadales sont toujours pourvus. Avec une livre de cette sorte de provision un homme peut subsister long-temps sans autre nourriture. Quelquefois il mêle à son caviar sec de l’écorce de saule ou de bouleau. Ces deux alimens veulent être ensemble : le caviar seul fait dans la bouche un