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sous des balaganes, dont voici la description.

Neuf poteaux de treize pieds, plantés sur trois rangs, à égale distance comme des quilles, sont unis par des traverses, et surmontés de soliveaux qui forment le plancher, couvert de gazon. Au-dessus s’élève un toit en pointe, avec des perches liées ensemble par un bout, attachées par l’autre aux solives qui font l’enceinte du plancher. Deux portes ou trappes s’ouvrent en face l’une de l’autre. On descend dans les yourtes, on monte dans les balaganes, et c’est avec la même échelle portative. Si l’on entre ainsi dans les maisons par le toit, c’est pour les garantir des bêtes, et surtout des ours, qui viendraient y manger les provisions de poissons, comme ils font quelquefois quand les rivières et les champs ne leur offrent rien. Un lieu planté de balaganes est appelé ostrog par les Cosaques, c’est-à-dire, habitation ou peuplade. Un ostrog a l’air d’une ville dont les balaganes seraient les tours. Ces sortes d’habitations sont ordinairement près des rivières, qui deviennent dès lors le domaine des habitans. Ils s’attachent à ces rivières comme les autres peuples à leurs terres. Les Kamtchadales disent que leur père ou leur dieu (c’est la même chose) vécut deux ans sur les bords de chaque rivière, et qu’il les peupla de ses enfans, leur laissant pour héritage les bords et les eaux de la rivière où ils étaient nés. Aussi ne s’éloignent-ils guère, dans leurs transmigrations, de ce domaine antique et inalié-