taxer de lâcheté. C’est une faute de sauver un homme qui se noie, parce qu’on peut se noyer soi-même. Rien n’est plus contraire à la vie sociale.
Les Kamtchadales n’ont pour nourrir leur superstition que des magiciennes. Ce sont toujours de vieilles femmes qui ont exercé les sortiléges, comme si ce sexe, qui commence son règne par l’amour, devait le finir par la crainte ; heureusement les charmes de la beauté remportent sur ceux de la magie. Au Kamtchatka, les magiciennes ne prétendent que guérir les maladies, détourner les malheurs, et prédire l’avenir. Voici leur grand sortilége.
Deux femmes assises dans un coin murmurent à voix basse, on ne sait quelles paroles. L’une s’attache au pied un fil d’ortie entortillé de laine rouge. Elle agite son pied ; si c’est avec rapidité, signe de bonheur ; si c’est lentement, mauvais augure. Ces deux compagnes grincent des dents en criant gouche, gouche : c’est pour évoquer les démons. Quand elles croient les voir elles crient en éclatant de rire, kkaï, kkaï. Après une demi-heure de vision, l’une répète sans cesse ickki, c’est-à-dire, ils n’y sont plus. Pendant ce temps-là, l’autre marmotte les paroles sur le visionnaire, pour l’exhorter et l’aider à n’avoir pas peur du diable.
On fait des sortiléges pour avoir du bonheur à la chasse, ou pour détourner le malheur. Si l’on n’a rien pris, c’est, dit toujours la sorcière, parce qu’on a négligé quelque pratique super-