Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/415

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donc ce culte avec le véritable ? Le déluge est la catastrophe la plus universelle et la plus attestée que le globe ait éprouvée, et le culte du feu est le plus généralement répandu sur la terre. L’embrasement du monde aurait bien pu, ce semble, faire imaginer des hydrophories, parce que l’eau éteint les incendies ; mais le feu n’arrête point les inondations. Pourquoi donc révérer le feu en mémoire du déluge ? Est-ce parce que le soleil dessécha les eaux qui couvraient la terre ? Sans chercher l’origine des cultes et des fêtes dans la commémoration du déluge, dont le soleil ne paraît ni la cause ni le remède, n’est-il pas plus vraisemblable que les cultes se sont répandus, comme les hommes et les langues, de la zone torride dans toutes les terres, et que le culte du soleil, assez naturel aux habitans d’un climat où cet astre circonscrit ses révolutions annuelles, et répand les plus fortes influences du bien et du mal physiques, se sera dispersé sur la terre avec les nations que la destruction et la population même auront poussées autour du globe ? Ces nations, chassées de leur pays ou par la multiplication des habitans, ou par des calamités et des fléaux inattendus, auront porté dans leurs émigrations, et la vénération de l’astre sous lequel elles vivaient, et le témoignage de la catastrophe qui les avait fait sortir de leur patrie. Elles auront à la fois adoré le soleil, qu’elles regardaient comme leur conservateur, et l’Océan, qu’elles fuyaient comme leur extermina-