Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/417

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l’autel, ou les vases et les instrumens, ou les paroles du culte, ou même le prêtre. La vénération religieuse erre vaguement sur toutes ces choses ; car le propre de la peur est de confondre les objets et les idées, surtout dans l’ombre et l’obscurité. Mais on ne se trompe guère sur les opinions religieuses d’un peuple, quand on voit qu’elles ont du rapport à ses actions. Demandez aux Kamtchadales ce que c’est que les éclairs ; ils vous répondront : Ce sont les esprits Gamouli, qui, en échauffant leurs huttes, se jettent les tisons à demi consumés. Quand ils entendent le tonnerre, ils disent : Koutkhou battitouskeret, Koutkhou tire ses canots ; car ils pensent que ce dieu passe ses canots d’une rivière à l’autre, et qu’il entend aussi le même bruit quand ils font la même chose. Ce Dieu craint leur tonnerre comme ils craignent le sien. Lorsqu’il tombe de la pluie, ce sont les Gamouli qui pissent. S’il fait un grand vent, c’est Balakirg, fils de Koutkhou, qui secoue ses cheveux longs et frisés sur la face d’un pays. Durant son absence, sa femme Zavina se met du rouge pour lui plaire à son retour, et ce rouge fait l’éclat de l’aurore et du crépuscule. S’il passe la nuit dehors, elle pleure, et c’est pourquoi le ciel est sombre.

Les Kamtchadales voient très-peu de serpens ; mais ils ont une crainte superstitieuse des lézards. Ce sont, disent-ils, les gaëthes, qui viennent leur prédire la mort. Si on les attrape,