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mènent une vie très-frugale, se livrent au commerce, exercent des professions mécaniques, et ne suivent jamais le métier des armes : ce qui les fait regarder avec dédain par les autres Tartares, qui les traitent de nation vile et méprisable.

Les Ousbeks, qui possèdent la grande Boukharie, passent généralement pour les plus civilisés de tous les Tartares mahométans. Ils sont vêtus à la persane. Leurs chefs portent sur leur turban une aigrette de plumes de héron.

Le pilau, ou riz bouilli à la manière du Levant, et la chair de cheval, sont leur plus délicieuse nourriture ; ils n’ont pour boisson commune que le koumis et l’arak.

Leur langue est un mélange de turc, de persan et de mongol ; cependant ils entendent fort bien les Persans, et ne s’en font pas moins entendre. Leurs armes sont celles des autres Tartares, c’est-à-dire le sabre, le dard, la lance, et des arcs d’une grandeur extraordinaire, qu’ils manient avec beaucoup de force et d’adresse : ils ont aussi adopté l’usage des armes à feu. Pendant la guerre, une grande partie de leur cavalerie porte des cottes de mailles et un petit bouclier.

Les Tartares de la grande Boukharie se piquent d’être les plus robustes et les plus braves de toute leur nation. Leurs femmes aspirent aussi à la gloire du courage militaire, et vont souvent à la guerre avec leurs maris. La plupart sont fort bien faites ; il s’en trouve même