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avec les Kirghis ne fasse entrer dans la seule ville d’Orembourg cent cinquante mille têtes de moutons, sans compter les chameaux, le gros bétail, et une quantité considérable de peaux d’agneaux, de dépouilles d’animaux sauvages, de cuirs, de poils de chameaux, et de camelot.

Les Kirghis ne se livrent à la chasse et à la pêche que pour leur amusement. Quoiqu’ils fassent usage du fusil, ils n’ont pas encore abandonné l’arc et les flèches. Ils font poursuivre le gibier par des chiens et des oiseaux de proie ; ils lui dressent des piéges, ils lui tendent des lacets. Ils prennent des renards communs, des renards des steppes, des blaireaux, des hermines, des sousliks, des chamois, des chacals, des animaux à peau tachetée comme les léopards, des koulans ou ânes sauvages, des saïgas et des argalis.

L’appétit fait le plus grand assaisonnement de leurs mets. Quatre Kirghis, au retour de la chasse, mangent sans peine un de leurs plus gros moutons. Ils ont conservé pour la graisse ce goût naturel à tous les peuples nomades de l’Asie, et que n’ont pas même encore perdu les Ottomans. Les Kirghis mangent en hiver toutes sortes de viandes, et même du chameau ; mais ce peuple vorace pendant la moitié de l’année devient sobre au retour du printemps ; il ne vit plus guère que de fromage et de lait fermenté. Comme ils n’ont de farine que ce qu’ils en achètent des Russes, la plupart n’ont jamais vu de pain ni de gruau.