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pas de mollahs ; les autres n’en ont que de fort ignorans. Ils sont toujours choisis parmi les prisonniers tartares qui savent lire et écrire ; on n’exige pas d’eux d'autres connaissances. On les élève au sacerdoce, on respecte leur science ; leur fortune est assurée.

En renonçant au chamanisme, leur ancienne religion, les Kirghis ont conservé leurs sorciers. Ces imposteurs sont, comme partout ailleurs, astrologues, interprètes des songes, devins, chiromanciens.

Les Kirghis achètent leurs femmes. Les gens aisés les paient cinquante chevaux, vingt-cinq vaches, une paire de chameaux et cent moutons : les pauvres donnent beaucoup moins, et les riches bien davantage. Celui qui a déjà une femme paie plus cher la seconde, et plus encore la troisième. Les gens du commun n’en ont qu’une, et il leur serait même difficile de s’en procurer, s’ils n’en enlevaient pas aux nations voisines. Les riches en ont souvent quatre, et un plus grand nombre de concubines. Ils aiment surtout les femmes kalmoukes, parce qu’elles sont, plus que les autres, excellentes femmes de ménage, et qu’elles conservent plus long-temps les apparences de la jeunesse. Fières de cette préférence, ces femmes se vantent de n’avoir pas été achetées et échangées contre de vils bestiaux, mais d’avoir été conquises au péril de la vie de leurs époux. Celles qui consentent à embrasser la mahométisme, passent souvent dans les bras des premiers de la na-