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ces ou de leurs parens. Si le lieu est trop éloigné, on enterre les chairs et les entrailles du mort dans la steppe où il est expiré, et l’on porte ses ossemens dans l’endroit qu’il a indiqué pour sa sépulture.

Les fosses sont peu profondes. On les recouvre d’un tas de pierres, qui sert de monument pour la postérité. Si le défunt était un homme de considération, l’on rend trois fois hommage à sa mémoire dans l’année de son décès. Sa veuve et ses enfans viennent chaque fois pleurer sur sa tombe ; ses amis y arrivent vêtus de leurs plus riches habits ; ils font l’éloge du défunt, et la fête funèbre se termine par un repas d’où la tristesse est bannie.

Chaque oulouss célèbre tous les ans une fête en l’honneur des morts. On s’assemble dans le lieu marqué pour les sépultures ; on y fait le sacrifice de quelques chevaux ; les chairs sont offertes aux morts et mangées par les vivans. En passant près du tombeau d’un parent ou d’un ami, on s’arrête, on arrache quelques poils de la crinière de son cheval, et on les dépose sur le monument.

Les Kirghis sont partagés en trois hordes : la grande, la moyenne, et la petite. La grande horde erre au sud-est du lac Aral dans les steppes bornées par le Sarason, arrosées par le Syr et contiguës au pays des Kalmouks : elle va jusque dans le Turkestan. Elle compte trente mille guerriers qui sont soumis à un khan jadis