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distribuait quelquefois avec un peu de partialité, et qu’ici particulièrement il y avait eu de la faveur. À peu de distance de ces prix il y avait deux tables, sur chacune desquelles était un instrument de musique tartare, consistant en un vieux pot couvert d’un cuir bien tendu, sur lequel on frappait comme sur un tambour. Cette musique n’était pas merveilleuse : cependant il y avait une si grande foule de Tartares empressés de l’entendre qu’on avait de la peine à en approcher.

» Après la distribution des prix, nous passâmes dans la chambre du marié, qui était dans la cour de la maison où demeurait la future. Cette chambre était remplie de gens qui se divertissaient à boire. Deux musiciens tartares étaient de la fête : l’un avait un simple roseau percé de trous, avec lequel il rendait différens sons ; l’embouchure de cette espèce de flûte était entièrement cachée dans sa bouche : l’autre raclait un violon ordinaire. Ils nous jouèrent quelques morceaux qui n’étaient pas absolument mauvais : nous fumes surtout attentifs à la chanson ou romance d’Yermak, qu’ils nous assurèrent avoir été faite dans le temps que ce guerrier conquit la Sibérie, et que leurs ancêtres furent soumis à la domination russe.

» De là nous repassâmes dans la première chambre, d’où nous vîmes le marié, conduit par ses paranymphes et par ses parens, faire trois fois le tour de la cour. Lorsqu’il passa la