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dats, commandés par le capitaine Morosko, pour lever des tributs et faire des conquêtes. Celui-ci s’avança jusqu’au Kamtchatka, qui n’est pas à cent lieues de la rivière d’Anadir. Sur le récit de son expédition, le commissaire partit lui-même à la tête de cent hommes pour soumettre les Kamtchadales. La résistance fut longue et opiniâtre de la part de ces peuples sauvages, qui n’avaient rien à perdre que leur liberté. Ils manquaient d’armes ; mais les conquérans ne pouvaient arriver qu’en très-petit nombre, à une si grande distance et par des routes si difficiles. Les succès furent long-temps balancés. Les Cosaques, chargés de cette expédition par la cour de Russie, combattaient avec courage, et formaient des établissemens. Mais bientôt l’abus tyrannique du pouvoir, les débauches, les discordes intestines offraient une vengeance facile aux Kamtchadales, qui, après avoir payé quelques tributs de peaux de bêtes, finissaient par égorger leurs vainqueurs.

Les dangers et les peines qu’il fallait essuyer dans une longue route de terre, au milieu de peuples indépendans ou peu soumis, toujours prêts à la guerre ou à la révolte, obligèrent d’en chercher une plus courte et plus sûre. On tenta, dès l’an 1715, un passage par mer, d’Okhotsk au Kamtchatka. Ainsi l’on devait aborder à cette presqu’île par la côte occidentale au lieu d’y entrer par la côte orientale. D’ailleurs c’étaient deux voies ouvertes à la conquête et au commerce ; mais la dernière avait les plus grands