Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avantages. D’Iakoutsk, qui est sur le Léna, il n’y a guère que 10 ou 12 degrés jusqu’à Okhotsk, au lieu de 30 degrés à parcourir depuis cette rivière jusqu’à celle d’Oliotoure. D’Okhotsk on n’a qu’une traversée d’environ trois cents lieues de mer pour aborder au midi du Kamtchatka, par un climat toujours plus doux. Dès qu’on eut trouvé cette route, les tributs ne passèrent plus par le nord. Mais ils furent toujours en proie à l’avidité des commissaires, et au pillage des Cosaques, qui tantôt empoisonnaient les officiers de la Russie, et tantôt vexaient les habitans du Kamtchatka. Ceux-ci tuaient à leur tour les collecteurs des taxes. Il ne se fit que des brigandages pendant trente ans dans toute cette presqu’île, entre ceux qui travaillaient à la réduire et ceux qui résistaient au joug de la conquête. C’est le sort de toutes les nouvelles colonies. Il faut les arroser de sang, et les engraisser de carnage pour les préparer à la culture, à la civilisation, aux beaux-arts.

Cependant l’esprit du czar Pierre 1er., qui joignait aux vues d’agrandissement l’ambition d’éclairer son empire pour l’illustrer, cet esprit de conquête et de lumière suggéra quelques expéditions inutiles. En 1720, on tenta la découverte des îles Kouriles, que la mer semble avoir détachées du Kamtchatka, et que la politique y veut rejoindre. On les parcourut, on les suivit jusqu’à l’île de Matsmaï (Ieso) qui touche presqu’au Japon. C’était le chemin